Chateau et Chapelle
Grand salon
Le chateau
Le château de La Palice se trouve sur les communes de Lapalisse et de Saint-Prix, dans le département de l'Allier.
La partie féodale du château a été bâtie entre le xie siècle et le xiiie siècle.
xiiie siècle
Le château et la seigneurie de la Palice appartenaient en 1230 à Roger de la Palice, damoiseau.
En 1257 le château était possédé par Guillaume de la Palice époux d'Arembord de Chazeul.
En 1293 le seigneur en était Pierre de la Palice. Sa veuve, Isabeau de Ternant, se remaria avec Philippe de Malleval, chevalier. Il fit hommage, en 1300, du château et de la haute et basse justice sur les paroisses de Lubier, Bussoles, Barrais, Trézelles, Varennes-sur-Tèches, Loddes, Ande-la-Roche, Droiturier, Saint-Prix, Le Breuil et Billezois, à Robert de France, comte de Clermont, seigneur de Bourbon depuis son mariage avec Béatrice, dame de Bourbon.
xve siècle
La seigneurie passa ensuite à Marguerite de l'Espinasse, à Jeanne de Chastillon, puis, en 1429 à Charles de Bourbon; gérant le duché en l'absence de son père, fait prisonnier à la bataille d'Azincourt, le 18 mars 1430 il céda le château et la châtellenie de la Palice à Jacques Ier de Chabannes de La Palice, conseiller et chambellan du Roi Charles VII.
C'est probablement Jacques Ier de Chabannes qui entreprit la construction de la chapelle Saint-Léger avant sa mort intervenue quelques mois après avoir été blessé à la bataille de Castillon, en 1453. Il avait prévu de fonder six prébendes dont l'acte ne fut signé que le 27 octobre 1461 au château par sa veuve Anne de Feugerolles ou de Lavieu, Geoffroy de Chabannes, seigneur de la Palice, Antoine de Chabannes, son frère, et Anthoine de Balsac, abbé de l'abbaye de Savigny. Les tombeaux de Jacques Ier de Chabannes et son épouse, Anne de Lavieu, y ont été élevés en 1470 par Geoffroy de Chabannes.
La chapelle a été construite contre la courtine Sud et lui sert de mur gouttereau, implantation qui annonçait l'abandon de la fonction défensive du château, qui va devenir s'affirmer à la Renaissance.
vie siècle
Son petit-fils Jacques II de Chabannes de La Palice, maréchal de France, marié en seconde noce à Marie de Melun, fit construire au début du xvie siècle l'aile renaissance en briques roses, qui allie la sobriété à l'élégance. Elle remplaçait ainsi la muraille qui reliait le château-fort à la chapelle de style gothique.
C'est du château de la Palice que le connétable de Bourbon va prendre la fuite en 1523.
Jacques II de Chabannes est tué à la bataille de Pavie, en 1525; son fils, Charles, l'est au siège de Metz en 1552 sans descendance mâle.
En 1564, sa fille aînée, Éléonore se maria avec Just de Tournon, comte de Roussillon, ambassadeur à Rome, qui mourut en 1570, et se remaria en 1571 avec Philibert de la Guiche, seigneur de Saint-Géran, grand maître de l'artillerie de France. Elle mourut à Jaligny en 1595.
De son premier mariage, elle avait eu deux filles, l'aînée mourut en 1592. La seconde, Anne de Tournon épousa en 1595, Jean-François de La Guiche, maréchal de France, gouverneur du Bourbonnais faisant ainsi entrer la seigneurie dans la famille La Guiche de Saint-Géran. Elle mourut en 1614 et son époux en 1632. C'est dans cette période que les fortifications féodales furent détruites en grande partie, que l'on créa un parc "à la Française" et que l'intérieur du château fut remanié.
xviie siècle
Le fils du maréchal, Claude Maximilien de la Guiche, comte de Saint-Géran, épouse en 1619 Suzanne de Longaunay dont il eut un fils, Bernard, en 1641; l'enfant fut enlevé pendant les couches par des parents qui voulaient s'approprier les biens des comtes de Saint-Géran et qui contestaient la légitimité de sa naissance, car il était né 21 ans après le mariage; retrouvé neuf ans après, il s'ensuivit seize années de procédures et quinze arrêts avant que Bernard de la Guiche fut reconnu légitime héritier des noms et biens de la maison de Guiche en 1666. Son père était mort en 1659.
En septembre 1677 Madame de Sévigné vint visiter au château son amie, née Françoise de Warignies, qu'elle avait surnommée "la bonne Saint-Géran".
Le comte de Saint-Géran mourut à Paris en 1695, laissant une fille unique qui se fit religieuse en 1713, et qui, avant d'entrer dans les ordres, avait donné son patrimoine à sa cousine Anne Geneviève de Lévis, mariée à Hercule Mériadec, prince de Rohan-Soubise, qui le 14 mars 1715 vendit le château à Messire Gilles Brunet d'Évry, conseiller du Roi, intendant des Finances de la généralité de Moulins.
xviiie siècle
En 1724 par lettres patentes royales, les seigneuries et terres de la Palice, Montmorillon, les Bouchaines et Droiturier furent érigées en marquisat.
Ce dernier vendit en 1731 la terre et le château de la Palice à François-Antoine de Chabannes, comte de Chabannes-Pionsat, mort sans postérité; sa seconde épouse devenue veuve se remaria avec le comte de Narbonne (- Pelet ?) qui périt sur l'échafaud en 1793 à l'âge de 71 ans; par testament, celui-ci avait légué ses biens à son neveu Jean-Frédéric de Chabannes (1762-1836), marquis de Curton, comte de Rochefort, seigneur de Madic, qui prit le titre de marquis de Chabannes-La Palice. Il fut député suppléant de la noblesse de la sénéchaussée de Moulins aux États Généraux de 1789.
Ce dernier ayant émigré fin 1789 à Naples, puis à Smyrne en 1790, effectua vers 1791 des missions pour le comte d'Artois à Londres et se remaria en 1797 en Turquie avec Anna van Lennep (1765-1839) fille du chef de la factorerie hollandaise de Smyrne et consul général des Pays-Bas en Anatolie. Aide camp de Louis XVIII de 1813 à 1814, disgracié en 1815, il écrivit contre la Charte et le nouveau régime, s'exila, fut successivement partisan puis adversaire de Louis-Philippe Ier et "inventeur, franc-maçon et écrivain" (cf. page consacrée à la famille van Lennep du site généalogique Diesbach-Belleroche datée du 30/09/2001).
xixe siècle
En 1802 il s'était vu restituer, grâce à l'intervention de Talleyrand, son oncle par alliance, ce qui restait des biens familiaux, ce domaine ayant été aliéné ou loti. Dans l'intervalle le château avait été pillé puis avait servi pour installer un tribunal et pour loger les autorités; la chapelle avait quasiment été détruite; aussi, ne pouvant entreprendre de restaurer la demeure dévastée qui lui fut restitué, il n'y habita pas.
La mairie, la sous-préfecture et l'église paroissiale avaient été construits sur ses anciennes dépendances.
À sa mort en 1835 le château passa à son fils, Hugues-Jean-Jacques-Gilbert-Frédéric (1792-1869), second marquis de Chabannes-Curton et La Palice, époux le 16 août 1827 de Mathilda ou Mathilde Dawes (1811-1854), une des sept enfants d'un pêcheur de l'île de Wight et nièce de l'aventurière anglaise Sophie Dawes (1790-1840), l'influente et cupide maîtresse depuis 1810 du richissime duc de Bourbon, qui devint en 1818 le dernier prince de Condé, alors exilé en Angleterre.
Cette union négociée devait "sceller la réconciliation" entre Talleyrand et le prince de Condé, qui soupçonnait la responsabilité du ministre dans l'exécution de son fils unique, le duc d'Enghien...ce deal permettant à cette femme, dont la séparation (mars 1824) puis le divorce (1827) avec Adrien Victor de Feuchères - aide de camp du duc que celui-ci fit faire baron héréditaire- ayant découvert son infortune notoire, avait écartée du Monde et de la Cour, d'y reparaître en janvier 1830, par l'entremise des Orléans auprès de Charles X...à qui ils succéderont en 1830 sur le trône de France. La page du site Diesbach-Belleroche consacrée à la famille Dawes indique qu'en se mariant la nouvelle marquise de Chabannes-La Palice reçut un million de francs du prince de Condé, qu'elle hérita de son père Richard Daw ou Dawes (1751-1828) - qualifié d' esquire dans la brochure sur l'histoire du château - la somme de 350 539,94 francs, puis celle de 166 666,66 francs lors du partage successoral du patrimoine de sa tante (décembre 1842).
Ces faits sont à mettre en rapport avec un portrait peint du prince de Condé, présenté lors de la visite comme "un ami de la famille" surmontant un médaillon en plâtre le représentant de profil face à celui de son fils (inscription); après moult manœuvres ou pressions de son entourage, il léguera par testament daté du 29 août 1829 - un an plus tard il fut retrouvé pendu ou étranglé à l'espagnolette d'une fenêtre du château de Saint-Leu - la majeure partie de sa fortune à son petit-neveu et filleul Henri d'Orléans, duc d'Aumale, qui vint visiter la demeure en 1877...et y sera suivi un siècle après par Isabelle d'Orléans-Bragance, comtesse de Paris.
C'est à cette époque - et peut-être grâce à ces importantes sommes d'argent - que le marquis de Chabannes-La Palice achètera des terres autour du château pour reconstituer son parc, et entreprendra à partir de 1846 avec la restauration des bâtiments.
En mai 1858 Antonetta Elis, épouse depuis mai 1826 d'Alfred Jean Edouard, comte de Chabannes-La Palice (né en Angleterre en 1799), aide de camp de Louis-Philippe Ier, fut nommée dame pour accompagner de Adélaide d'Orléans au château d'Eu, puis dame de l'ex-reine Marie Amélie dans son exil anglais de Claremont.
xxe siècle
Le château resté depuis dans cette famille (par adoption d'un petit-neveu en 1929), fut classé Monument Historique en 1862, puis semble-t-il déclassé en 1888; en 1928, le château, la chapelle et les remparts furent inscrits à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, puis classés le 17 août 1933...et le 29 octobre 1999, classés à nouveau avec l'enceinte, les sols et les écuries, la porterie d'entrée et les jardins étant inscrits depuis le 28 juillet 1998
Architecture
Le logis primitif, trois des tours et les courtines datent approximativement du xiiie siècle, tout comme les remparts complétés au xive siècle. La chapelle de style gothique a été construite en 1461, puis le logis Renaissance à parements de briques fin XVe début xvie siècle.
Les salles meublées abritent de rares tapisseries, dont celles représentant Godefroi de Bouillon et Hector, issues de la célèbre tenture dite "des Preux" (Flandres ou Marches limousines, xve siècle, neuf pièces de 3,80 x 4 mètres) provenant du château de Madic, autre propriété auvergnate des Chabannes, dont elle portent les armes jointes à celles des Blanchefort, famille alliée le 16 février 1498); six d'entre elles, volées à la Révolution, retrouvées et identifiées vers 1880 par l'archéologue bourbonnais Roger de Quirielles chez un antiquaire de Clermont-Ferrand, rachetées par la famille, furent alors réinstallées au château...où quatre d'entre elles (Charlemagne, Jules César, David et Alexandre Le Grand) ont été volées vers 1977. Contrairement à ce qui dit la brochure sur le château, ce n'est pas "la moitié de l'une des trois autres tapisseries perdues (Josué, Judas Machabée et Artus) mais sept pièces sur neuf d'une autre tenture des Preux (Aubusson ou Felletin, entre 1525 et 1540) commandée pour le château de Pierre Paien ou Payen, seigneur de Chauray (actuelles Deux-Sèvres) et lieutenant du sénéchal du Roi en Poitou; c'est la série la plus complète connue; elles sont exposées dans une salle de ce nom au château de Langeais; acquises en 1892 à Saint-Maixent (79), ville qui compte un ancien hôtel Chaurais, par le collectionneur alsacien Jacques Siefgfried, restaurateur de ce château féodal à partir de 1886, elles firent partie de son don de l'ensemble à l'Institut de France en 1904.
Le château expose également de nombreux portraits anciens et souvenirs historiques, dont une petite ancre en or, objet fétiche d'Horatio Neslon, brisée par le boulet de canon qui le blessa mortellement lors de la bataille de Trafalgar, qui fut transmis à sa belle-famille française par la petite-fille de l'amiral Parker.
Parmi les plafonds anciens sculptés et peints de la demeure, on peut admirer comme l'a fait le duc d'Aumale, grand connaisseur d'art ancien, celui dû à des artisans italiens de la Renaissance, composé de compartiments ou "caissons" en forme de losanges à pendentifs rehaussés d'or et de couleurs, qui fut autrefois recouvert de plâtre et longtemps négligé, mais dont une petite surface restaurée évoque l'aspect ancien. Cette œuvre rare peut être rapprochée d'un autre plafond italien de cette époque (daté de 1525), celui de plan polygonal en chêne (naturel) compartimenté et sculpté avec clefs pendantes de la "librairie" ou ancienne bibliothèque de Catherine de Médicis au château de Chenonceau.
Les communs et anciennes écuries sont éloignés du château.
En 1885-1886 le château a fait l'objet d'une restauration par l'architecte moulinois René Moreau; de nombreux volets métalliques très corrodés (façade Sud) peuvent dater cette campagne de travaux, comme la paire de vasques de jardin en fonte placés à l'entrée du château.
En 1875 l'architecte et inspecteur des travaux diocésains de Moulins, Jean-Bélisaire Moreau2 restaura la chapelle Saint-Léger et y fit ajouter une flèche en charpente.